La réforme des retraites de 2023 prévoit un report progressif de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans ainsi qu’un allongement de la durée de cotisation requise pour une retraite à taux plein. Dans le cadre des discussions budgétaires pour 2026, le Gouvernement a déclaré s’engager à suspendre jusqu’en 2028 la réforme des retraites sur ces deux sujets. Nous faisons le point sur les conséquences d’une telle suspension de la réforme des retraites.
Que prévoit la réforme des retraites de 2023 ?
La loi du 14 avril 2023 portant réforme des retraites est entrée en vigueur le 1er septembre 2023 avec, pour objectif, de garantir l’équilibre du système de retraites à l’horizon 2030. La loi prévoit notamment les mesures suivantes.
Report progressif de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans
La loi reporte l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, contre un âge légal de départ à la retraite fixé auparavant à 62 ans. Ce report de l’âge légal de départ à la retraite est progressif. Concrètement, depuis le 1er septembre 2023, cet âge est progressivement relevé à raison de 3 mois par année de naissance.
La première génération concernée par la réforme est celle née à partir du 1er septembre 1961, avec un âge légal de départ à la retraite fixé à 62 ans et 3 mois. Et la première génération qui partira effectivement à la retraite à 64 ans sera celle née en 1968.
Voici le calendrier du report de l’âge légal de départ à la retraite prévu par la réforme des retraites de 2023 :
| Année de naissance | Age légal de départ à la retraite |
| Fin 1961 (du 01/09 au 31/12) | 62 ans et 3 mois |
| 1962 | 62 ans et 6 mois |
| 1963 | 62 ans et 9 mois |
| 1964 | 63 ans |
| 1965 | 63 ans et 3 mois |
| 1966 | 63 ans et 6 mois |
| 1967 | 63 ans et 9 mois |
| 1968 et après | 64 ans |
Accélération de l’allongement de la durée de cotisation pour la retraite
Pour bénéficier d’une retraite de base et complémentaire à taux plein, il faut :
- avoir atteint au moins l’âge légal de départ à la retraite et justifier d’une durée de cotisation minimale, c’est-à-dire d’un nombre total de trimestres retraite cotisés (sauf cas de départ en retraite anticipée) (en savoir plus sur les trimestres retraite) ;
- ou, à défaut, avoir atteint l’âge de la retraite à taux plein.
La durée de cotisation pour la retraite dépend de l’année de naissance de l’assuré. Avant la réforme des retraites de 2023, seules les personnes nées à partir de 1973 devaient avoir 172 trimestres retraite (soit une durée de cotisation de 43 ans) pour bénéficier de la retraite à taux plein à partir de 2035 (dispositif de la « réforme Touraine » de 2014).
La réforme des retraites de 2023 a prévu un allongement de la durée de cotisation requise pour une retraite à taux plein, à travers une accélération du calendrier de mise en œuvre de la « réforme Touraine » de 2014. L’objectif de 43 années cotisées, soit 172 trimestres, est resté inchangé mais devait être atteint dès 2027 pour les personnes nées en 1965 (au lieu de 2035 pour les personnes nées en 1973 dans la réforme Touraine).
Suite à la réforme des retraites de 2023, le nombre de trimestres retraite requis pour bénéficier du taux plein en fonction de l’année de naissance est le suivant :
| Année de naissance | Nombre de trimestres retraite requis pour bénéficier du taux plein |
| Fin 1961 (01/09-31/12) | 169 |
| 1962 | 169 |
| 1963 | 170 |
| 1964 | 171 |
| À partir de 1965 | 172 |
Réforme du dispositif pour les « carrières longues »
La réforme des retraites de 2023 a adapté le dispositif des carrières longues. Les assurés qui ont commencé à travailler avant 16 ans peuvent continuer à partir à la retraite dès 58 ans. Ceux qui ont commencé à travailler entre 16 et 18 ans peuvent partir à 60 ans et ceux qui ont commencé entre 18 et 20 ans peuvent partir à 62 ans. Ceux qui ont débuté entre 20 et 21 ans peuvent partir à la retraite à 63 ans.
Suspension de la réforme des retraites jusqu’en 2028 : quelles sont les conséquences ?
Dans le cadre des discussions budgétaires liées au projet de loi de finances pour 2026 et au projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026, le Premier ministre a déclaré le 14 octobre 2025 s’engager à suspendre la réforme des retraites jusqu’en 2028.
Important : à ce stade, aucune mesure n’a été adoptée concernant cette suspension. Les modalités concrètes d’application de la suspension de la réforme des retraites doivent faire l’objet d’un débat parlementaire dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026.
Quels changements si la réforme des retraites est suspendue ?
Il a été annoncé par le Premier ministre qu’ « aucun relèvement de l’âge n’interviendra à partir de maintenant jusqu’à janvier 2028 ». Concrètement, cela signifie que si la réforme des retraites est effectivement suspendue jusqu’en 2028, l’âge légal de départ à la retraite devrait être figé jusqu’à janvier 2028 à 62 ans et 9 mois, c’est-à-dire à l’âge légal de départ à la retraite en vigueur fin 2025. Ainsi, la génération née en 1964 pourrait partir à la retraite à 62 ans et 9 mois au lieu de 63 ans. Et le recul à 63 ans ne s’appliquerait qu’en 2028 pour les personnes nées en 1965 (sauf si une nouvelle réforme des retraites est adoptée d’ici là).
La durée de cotisation pour la retraite serait elle aussi suspendue et resterait fixée à 170 trimestres jusqu’à janvier 2028.
À noter : les personnes pouvant bénéficier du dispositif des carrières longues ne devraient pas être concernées par la suspension de la réforme des retraites.
Conséquences économiques et budgétaires d’une suspension de la réforme des retraites
La suspension de la réforme des retraites jusqu’en 2028 devrait coûter 100 millions d’euros en 2026 et 1,4 milliard d’euros en 2027. Pour financer cette suspension et limiter son impact sur les déficits publics, les complémentaires santé et les retraités pourraient être mis à contribution :
- le taux de la contribution exceptionnelle sur les complémentaires santé (mutuelles, assurances de santé…) passerait de 2,05 % à 2,25 % en 2026 ;
- les pensions de retraite seraient gelées en 2026 et, en 2027, les pensions de retraite progresseraient moins vite que l’inflation avec un taux de revalorisation des pensions de 0,9 point inférieur à celui de l’inflation.
Pour aller plus loin :