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Les commerces de proximité : un rôle essentiel pour le tissu économique et social local

Dans un contexte de développement du commerce en ligne et de dévitalisation des centres-villes, le rôle des commerces de proximité est majeur pour la vie des territoires. Les commerces de proximité sont bien plus que de simples lieux de vente. Ils sont des acteurs essentiels de la vie sociale, économique et environnementale des territoires.

L’étude EXCOM « Au-delà du marchand – Mesurer la valeur du commerce de proximité » fait apparaître que les commerces de proximité génèrent des bénéfices économiques, sociaux et environnementaux souvent sous-évalués. Une enquête terrain, réalisée entre avril et novembre 2024, a permis de recueillir 324 témoignages de commerçants répartis dans plusieurs villes (Paris, Rouen, Marseille et Saint-Ouen).

Qu’est-ce qu’un commerce de proximité ?

Les commerces de proximité peuvent être définis comme l’ensemble des commerces de petite taille situés à distance piétonne des lieux de vie, caractérisés par leur accessibilité, leur ancrage local et leur capacité à créer du lien social. Il s’agit par exemple des boulangeries, épiceries, cafés, pharmacies, librairies, fleuristes, salons de coiffure, etc.

Ils se caractérisent par leur implantation au cœur des quartiers et villages, leur taille humaine, et par une relation client fondée sur la proximité, la fidélité et l’échange personnalisé. Ils s’opposent ainsi aux grandes surfaces commerciales en périphérie et aux ventes dématérialisées.

Importance des commerces de proximité au sein du tissu économique local

Les commerces de proximité sont des acteurs majeurs au niveau local. Ils jouent un rôle crucial dans le tissu économique, social, environnemental et culturel  d’un quartier. Selon l’étude EXCOM, ces commerces génèrent des externalités positives significatives, souvent sous-estimées dans les études économiques classiques.

Les externalités positives des commerce de proximité désignent l’ensemble des bénéfices indirects qu’ils génèrent pour la société, au-delà de leur rôle purement économique, à savoir :

  • l’animation du lien social
  • la solidarité locale
  • la dynamisation de la vie de quartier
  • une vigilance en matière de sécurité et de santé publique
  • le soutien à la transition écologique
  • la contribution à l’espace public.

L’étude EXCOM a pour objectif de quantifier et de rendre visibles ces apports essentiels.

Les principaux apports des commerces de proximité

L’animation de lien social

Les commerces de proximité sont des lieux d’échange et de convivialité. Ils favorisent les interactions entre habitants du quartier, notamment les seniors, et contribuent à lutter contre l’isolement social :

  • 68 % des commerçants ont régulièrement des discussions privées avec leurs clients, au moins une fois par semaine
  • 72 % des commerçants prennent le temps de donner des explications sur leurs produits
  • 47 % des commerçants organisent annuellement des événements collectifs : atelier, démonstration, etc.

Le temps passé par les commerçants à créer du lien social est comparable à une activité bénévole d’écoute et d’accompagnement très précieuse pour la collectivité.

La solidarité locale

Au-delà de leur activité commerciale, les commerçants de proximité jouent un rôle de soutien social. De nombreux commerçants de proximité sont régulièrement en contact avec des personnes en situation de précarité. Ils détectent des situations de vulnérabilité et apportent une aide d’urgence aux plus démunis : don de nourriture, d’une boisson chaude ou fraîche, ou encore accès aux toilettes de leur établissement.

78 % des commerçants sollicités par des personnes dans le besoin leur apportent de l’aide.

Au-delà de cette aide immédiate, les commerçants jouent souvent un rôle de relais vers les services sociaux et les associations caritatives. Ainsi, 44 % des commerçants qui sont en contact direct avec leurs clients les ont déjà orientés vers des aides extérieures.

Enfin, de nombreux commerçants s’impliquent dans des actions solidaires telles que la collecte de denrées alimentaires ou la participation à des programmes d’aide aux personnes isolées.

Cette capacité à repérer précocement les fragilités sociales et à y répondre de façon informelle est un atout pour la cohésion des territoires.

La dynamisation de la vie de quartier

Les commerçants s’intègrent dans des réseaux professionnels de proximité. Ainsi, 96 % des commerçants rendent des services aux autres commerçants du quartier. Cette entraide prend diverses formes, comme la recommandation des commerces voisins à leurs clients, la réception de colis, ou la surveillance mutuelle des boutiques. Cette solidarité locale renforce les liens entre les professionnels et contribue à la cohésion du quartier.

Les commerçants développent également des liens étroits avec les habitants de leur immeuble. Ainsi, 70% des commerçants leur rendent de petits services, facilitant la vie des résidents de leur bâtiment.

Enfin, les commerces contribuent à dynamiser la vie locale par l’organisation d’événements et d’animations. Près d’un commerçant sur 2 le fait au moins une fois par an.

Les commerces de proximité sont ainsi des acteurs clés de la vie de quartier, tissant des réseaux d’entraide professionnelle et sociale entre commerçants et habitants.

Une vigilance en matière de sécurité et de santé publique

Les commerçants de proximité contribuent à la sécurité des quartiers en ayant une activité ouverte sur la rue et en attirant un flux régulier de clients. Ils contribuent ainsi à la prévention de la criminalité et au renforcement du sentiment de sécurité des passants.

Ils peuvent également apporter une aide immédiate face à un malaise, un accident ou une situation d’urgence, en proposant un espace de repos, une aide de premier secours ou en alertant rapidement les secours. Près de 2 commerçants sur 10 déclarent intervenir au moins une fois par mois pour venir en aide à une personne en détresse. De plus, les commerces peuvent servir d’espace de refuge pour les personnes en détresse ou victimes de harcèlement.

Ainsi, la présence des commerces et leur capacité d’intervention rapide constituent un atout essentiel pour la collectivité, renforçant à la fois la vigilance urbaine et l’entraide de proximité.

Le soutien à la transition écologique

Les commerces de proximité jouent un rôle clé dans la transition écologique en adoptant diverses pratiques responsables : meilleure gestion des déchets (88 % des commerçants), réduction des consommations (71 %), sensibilisation de la clientèle à des pratiques plus durables (39 %).

Beaucoup de commerçants s’engagent pour réduire leur consommation électrique et d’eau. Ainsi, la majorité des commerçants interrogés a investi dans des solutions visant à limiter leur consommation électrique tandis qu’un commerçant sur 5 a mis en place des dispositifs pour économiser l’eau. D’autres actions, comme l’extinction de l’éclairage la nuit ou une réduction du chauffage, sont également fréquentes.

La gestion des déchets et le recyclage constituent un autre axe d’engagement. 88 % des commerçants accordent une importance particulière à la réduction des déchets. 69 % proposent des solutions de recyclage dans leur commerce. Par ailleurs, 34 % des répondants prennent d’autres initiatives comme la récupération des végétaux ou les dons d’invendus.

Enfin, les commerçants jouent également un rôle essentiel dans la sensibilisation de leur clientèle à des modes de consommation plus durables. 66 % d’entre eux cherchent à encourager cette démarche notamment en échangeant régulièrement avec leurs clients sur le sujet. Certains proposent des conseils personnalisés, tandis que d’autres incitent à l’usage d’emballages réutilisables en offrant des réductions.

La contribution à l’espace public

Les commerces de proximité jouent un rôle important dans l’embellissement et la propreté de l’espace public. Nombreux sont les commerçants (46%) qui accordent une attention particulière à la présentation de leur vitrine, considérant cet élément comme essentiel à l’image du quartier. Les commerçants contribuent également à la propreté des rues et des trottoirs, venant ainsi compléter l’action des services municipaux. 7 commerçants sur 10 nettoient au moins une fois par semaine les abords de leur boutique, et 15 % le font plusieurs fois par jour

La préservation du patrimoine architectural est également une préoccupation pour certains commerçants. Près d’un sur 3 veille à l’entretien et à l’amélioration de la façade de son établissement, participant ainsi à la mise en valeur du patrimoine bâti et, parfois, à la réhabilitation de bâtiments anciens.

Cette implication des commerçants de proximité dans l’espace public améliore la qualité de vie des habitants et renforce l’attractivité des quartiers.

Source : Étude EXCOM « Au-delà du marchand – Mesurer la valeur du commerce de proximité » – Mars 2025

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