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Focus sur l'étude « l'indépendance financière des femmes »

En France, les femmes mariées ont eu le droit d’ouvrir un compte bancaire sans l’autorisation de leur mari grâce à une loi de 1965. Soixante ans après cette loi qui a marqué la première étape de l’évolution de l’indépendance financière des femmes, une étude réalisée par La France Mutualiste, groupe Malakoff Humanis, en partenariat avec Bpifrance Le Lab, fait la synthèse des réponses apportées par les personnes interrogées sur les trajectoires d’indépendance financière des femmes : évolution, éducation, et investissements financiers.

 

L’enquête menée en juin 2025 comprend deux volets :

• Une enquête menée par l’IFOP auprès d’un échantillon de 2 500 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus ;

• Des entretiens réalisés auprès de 10 Français, 5 hommes et de 5 femmes, ayant entre 35 et 55 ans.

Cette étude confirme que l’indépendance financière est désormais un moteur central de l’émancipation des femmes. Pourtant, l’accès aux produits d’épargne et d’investissement reste marqué par de fortes inégalités.

L’indépendance financière devient le premier facteur qui contribue à l’équilibre personnel des femmes

Très loin de l’image de la femme définie par son rôle familial, aujourd’hui, un Français sur deux estime que disposer de ses propres ressources financières est la clé de l’équilibre personnel d’une femme. Cette proportion a doublé en moins de 40 ans.

Les femmes sont mêmes 58 % à citer l’indépendance financière comme le facteur qui contribue le plus à leur équilibre personnel, loin devant les enfants et la famille (27 %), une relation amoureuse réussie (12 %) ou des succès professionnels (11 %).

Que signifie précisément « l’indépendance financière » ? L’indépendance financière au féminin ne se résume pas à « un confort matériel ». Les femmes l’associent à deux grandes idées : c’est avant tout ne pas dépendre financièrement de son conjoint ou de ses proches (pour 48 % des femmes) et le fait de gagner suffisamment d’argent pour vivre convenablement (pour 38 % des femmes).

Un positionnement qui illustre une quête d’autonomie financière et de liberté financière, encore trop souvent fragilisées par des emplois moins rémunérés (écart femmes-hommes) quelle que soit la raison (frein à l’indépendance financière cité par 62 % des femmes), le temps consacré au soin de la famille (frein à l’indépendance financière cité par 49 % des femmes) et la maternité et des carrières hachées (frein à l’indépendance financière cité par 46 % des femmes).

Aujourd’hui, une majorité des Français considère que l’indépendance financière des femmes en France est sur une trajectoire positive, qu’elle soit en progrès (pour 50 % d’entre eux) ou même acquise (pour 37 % d’entre eux). Dans le monde, la situation des femmes leur semble plus mitigée : 46 % jugent l’indépendance financière des femmes en danger ou en recul.

Les Français attendent plus d’accompagnement de leurs banques pour améliorer leurs connaissances financières

Près de 9 Français sur 10 considèrent qu’ils ont une bonne connaissance de la gestion d’un budget et près de 8 sur 10 considèrent qu’ils ont une bonne connaissance du fonctionnement d’un crédit ou des principes de l’épargne. En revanche, seule une moitié considère comprendre les principes de l’investissement financier. Par ailleurs, les femmes sont moins confiantes dans leurs connaissances financières que les hommes.

S’agissant des modalités de l’acquisition des connaissances financières, l’école, l’enseignement supérieur et les institutions financières n’ont pas encore pris le relais de la famille ou de l’apprentissage personnel. Résultat : 72 % des Français affirment avoir appris à gérer leur argent par eux-mêmes, par la pratique avant tout (69 %) et des lectures (38 %).

Des connaissances financières souvent partielles, encore plus chez les femmes. Interrogés sur leurs connaissances financières, les Français sont à l’aise sur la gestion d’un budget, le fonctionnement d’un crédit et les principes de l’épargne, nettement moins sur l’investissement financier : 87 % des Français estiment leurs connaissances plutôt bonnes ou très bonnes pour la gestion d’un budget, sans différence entre femmes et hommes, alors que seuls 51 % estiment connaître les principes de l’investissement financier, avec un écart notable entre femmes et hommes (respectivement 44 % et 57 %).

Alors que les Français expriment des besoins d’accompagnement, seule une courte majorité de Français considère que les banques et les institutions financières prennent suffisamment en compte leurs besoins en matière financière (51 %). Et seuls 5 % des Français estiment que les banques et les institutions financières répondent « tout à fait » à leurs attentes.

Comportements d’investissement : des stratégies différenciées entre femmes et hommes

Les femmes sont moins nombreuses à investir dans des produits diversifiés comme les contrats d’assurance-vie (31 %, contre 38 % pour les hommes), les plans d’épargne en actions (PEA) (10%, contre 19 % pour les hommes) ou les comptes-titres (8%, contre 14 % pour les hommes).

Ce déséquilibre s’explique en grande partie par le manque de moyens financiers. Plus de 3 femmes sur 4 déclarent ne pas placer d’argent faute de revenus suffisants, contre seulement 6 hommes sur 10. Les écarts de salaire, encore estimés à 14 % à poste et temps de travail équivalents, permettent notamment d’expliquer le fait que les femmes soient plus nombreuses à citer leurs faibles revenus comme raison de non-placement.

Mais les différences ne s’arrêtent pas là. Lorsqu’elles investissent, les femmes privilégient les placements sûrs et accessibles, comme les livrets réglementés (livret A, livret de développement durable et solidaire – LDDS, etc.) (72% des femmes en détiennent au moins un). Le risque n’est pas un moteur, mais un facteur d’évitement : seules 16 % des femmes s’orientent vers des placements risqués à haut rendement, contre 26 % des hommes. Une réalité qui, combinée aux écarts de salaires, engendre des écarts d’accumulation patrimoniale et donc de sécurité financière à long terme.

Au-delà de la performance, les femmes accordent plus d’importance à la confiance envers les intermédiaires financiers (24 %), mais aussi à la transparence (23 %) et surtout à la sécurité du produit d’investissement (52 %), là où les hommes valorisent davantage le rendement (51%) et la fiscalité (25%).

Source : Étude réalisée par La France Mutualiste, groupe Malakoff Humanis, en partenariat avec Bpifrance Le Lab « Indépendance financière des femmes » (juin 2025)

Pour aller plus loin :

Le plan d’épargne retraite (PER) : l’épargne retraite des indépendants
PER Médicis en points
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Le patrimoine financier, immobilier et professionnel des ménages
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